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Le potentiel des halophytes, entre innovation et résilience

L’élévation des températures mondiales et du niveau de la mer entraîne une salinisation croissante des sols et une raréfaction de l’eau douce — deux facteurs majeurs de déstabilisation pour l’agriculture traditionnelle. Le rapport 2023 du GIEC sur les zones insulaires alerte sur la vulnérabilité accrue de ces territoires, où la sécurité alimentaire dépend fortement de la capacité à s’adapter à des conditions de plus en plus hostiles.
En Nouvelle-Calédonie, l’entreprise Halophyte Solutions propose une réponse innovante à cette impasse : cultiver des légumes de la mer sur des sols naturellement salés, sans apport excessif en eau douce. Cette méthode, appelée agriculture biosaline, s’appuie sur des plantes dites halophiles, capables de croître dans des environnements riches en sel.
Ces plantes extraordinaires ont développé des mécanismes physiologiques complexes — tels que la gestion osmotique, la séquestration du sel ou encore l’excrétion active du sodium — étudiés depuis plusieurs années (Parida & Jha, 2010 ; Hasanuzzaman et al., 2019). Leur capacité d’adaptation à un environnement instable, alternant entre immersion et sécheresse, les rend également résistantes à d’autres stress majeurs : manque d’oxygène dans le sol, sécheresse prolongée, ou présence d’éléments toxiques.
Mais l’intérêt de ces plantes dépasse largement le champ agricole. Elles sont au cœur de nombreuses perspectives d’innovation, notamment :
La dépollution naturelle des sols salés ou contaminés (phytoremédiation),
La production de biomolécules pour l’agroalimentaire, la cosmétique ou la pharmacie,
La structuration de filières agricoles à faible empreinte hydrique, adaptées aux zones littorales arides (Bonaventure, 2023 ; Colette, 2023 ; Ghnaya, 2013).
En Nouvelle-Calédonie, près de 9 200 hectares de tannes — des sols littoraux plats et salés — restent largement sous-exploités (Lebigre, 1983). Depuis plusieurs années, ces milieux font l’objet de projets de recherche menés notamment par l’IFREMER et l’ISEA (UNC). Parmi une  quarantaine d’espèces halophiles locales, plusieurs d’entre elles ont été identifié tant pour leurs potentiels dans la dépollution que leurs intérêts chimique et alimentaire.
Avec Halophyte Solutions, ces recherches prennent aujourd’hui une dimension appliquée. Le projet vise à valoriser les espèces les plus prometteuses en développant des cultures économes en eau, ancrées dans le territoire, tout en créant de nouvelles opportunités économiques pour les zones rurales et littorales.

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